In 1830 scheurde zich uit het Verenigd Koninkrijk der Nederlanden, met Franse militaire steun, een Franstalig miniatuurstaatje los. Acht jaar later, in september 1838, werd het separatistische heldenfeit herdacht door het inhuldigen van een vrijheidsbeeld op het Brusselse Martelarenplein.
Brussel 1838 |
Uit de verte moet de plechtigheid knarsetandend gadegeslagen zijn door de Gentse orangistische advocaat Pierre Lebrocquy. In de daarop volgende dagen verwerkte hij zijn trauma in twee liederen, een Nederlands en een Frans, die als orangistische tegenhanger bedoeld waren van La Brabançonne, die aanvankelijk La Bruxelloise heette. Wij vinden ze beide in
namelijk De ware Vryheid, Gentsch volkslied op p.94 (meer daarover hier) en La Gantoise, Chant national op p.104. In het voorwoord kunnen we lezen dat de verzamelde liederen aanvankelijk niet voor het grote publiek bedoeld waren, maar enkel voor sommige byzondere vriendenkringen. Daarmee zijn de vrijmetselaarsloges bedoeld, in het bijzonder de Gentse orangistische loge Le Septentrion. Liederen, zowel in het Frans als het Nederlands waren daar een vast onderdeel van de banketten. De Dulle Griete bevat eigenlijk Vlaemsche liedekens, maar geeft op het eind ook enkele Franse mee die als voorbeeld gediend hebben voor Nederlandse versies. Daaronder dus ook
In De Dulle Griete wordt La Gantoise onmiddellijk gevolgd door een ludiek lied over de Gentse boelmakers:
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LA GANTOISE
Chant national composé à l'occasion de l'érection
de la statue de la Liberté à Bruxelles
1838
D'un culte faux a commencé la pompe;
Bruxelles a dit: voici la Liberté,
Peuple à genoux; et le peuple qu'on trompe
Incline un front dans la fange arrêté.
Moi, quand l'idole a plané sur les têtes,
Le front couvert, debout, silencieux;
J'ai vu de loin les sacrilèges fêtes:
Je suis Gantois, j'honore d'autres dieux.
Fils d'Artevelde, à la liberté sainte
Dès le berceau j'ai voué mon amour
Gand la connaît, car dans sa vaste enceinte
La Liberté a fait un long séjour.
Je prie encore comme ont prié mes pères;
Donc, point d'encens pour l'autel odieux,
Point de déesse aux rites adultères.
Je suis Gantois, j'honore d'autres dieux.
Le Taciturne a rajeuni ton culte,
O Déité chère encore aux Gantois!
Horne et d'Egmont, qu'aujourd'hui l'on insulte,
Sur l'échafaud ont raffermi tes droits.
Vous reniez, fils de la foi nouvelle,
Ces noms sacrés, ces martyrs glorieux;
Vos dieux sont D'Albe et Philippe et Granvelle.
Je suis Gantois, j'honore d'autres dieux.
Scandale! horreur! l'idole qu'on protège
Du temple ancien jette la cendre au vent;
Elle choisit la plèbe pour cortège;
Pour prêtre, un moine et pour temple, un couvent.
Cède qui veut, que partout retentisse
De liberté le nom insidieux,
N'espérez pas que mon genou fléchisse.
Je suis Gantois, j'honore d'autres dieux.
Des novateurs en vain la foule effraie:
Eh! que me fait ce stupide bétail?
Ce que je veux c'est la liberté vraie,
Fille des lois et mère du travail.
Non, dans le ciel elle n'est point conçue,
La Liberté qui promène en tous lieux
Son chapelet, sa torche et sa massue.
Je suis Gantois, j'honore d'autres dieux.
Pour mieux encore défigurer l'image
De la déesse aux robustes contours,
En l'étalant, leur hypocrite hommage
Sur son beau sein a triplé les atours.
Oui, cachez-les, ces mamelles fécondes,
C'est bien, jamais ces globes radieux
N'ont allaité des capucins immondes.
Je suis Gantois, j'honore d'autres dieux.
Gand, ma patrie, ô ruche bourdonnante,
Fidèle aux lois, au travail, au bon sens,
Garde tes mœurs, ta foi persévérante,
Tu brûleras encore un pur encens.
Car Nassau veille, à sa mâle parole,
La Liberté redescendra des cieux.
En attendant, honte à la vaine idole!
Je suis Gantois, j'honore d'autres dieux.