Citation
Alain Peyrefitte, C'était de Gaulle, Editions de Fallois/FAYARD 1994. (Peyrefitte a été titulaire de plusieurs grands ministères et
porte-parole du général de Gaulle pendant quelque quatre ans.)
(p.1) Je me méfie de la mémoire : elle flanche, comme dit la chanson. (...)
Le seul mérite de ce livre, c'est que les propos qu'il rapporte ont été
notés au jour le jour. En les déchifrrant, j'ai eu la surprise d'y
découvrir maints détails que j'avais oubliés. Il en est auxquels
j'aurais eu de la peine à croire, tellement ils contredisent les idées
reçues, si je ne savais que je me suis toujours imposé de les prendre
avec ma sténographie personelle, ou de les jeter sur le papier tant que
les mots résonnaient à mon oreille. (...) J'ai attendu mars 1959 pour
avoir avec lui [de Gaulle] mon premier entretien approfondi.
(p.52) Elysée, jeudi 5 mars 1959.
Général de Gaulle. C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne.
«Qu'on ne se raconte pas d'histoires ! Les musulmans, vous êtes allé les voir? Vous les avez regardés, avec leurs turbans et leurs djellabas? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très savants (il doit penser à Soustelle). Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante?
«Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey- les-Deux-Mosquées !»
Longtemps après m'être retiré, je suis resté tout étonné devant cette liberté de propos, ces formules jaillissantes, ces pronostics d'extra-lucide lisant dans la boule de cristal.
(p.56) Salon doré, 20 octobre 1959.
Général de Gaulle. «Avez-vous songé que les Arabes se multiplieront par cinq puis par dix, pendant que la population française restera presque stationnaire? Il y aurait deux cents, puis quatre cent députés arabes à Paris? Vous voyez un président arabe à l'Elysée?»
Note
Les propos de De Gaulle se rapportent à la question si l'Algérie devait être, oui ou non, une partie intégrante de la France. C'est justement de Gaulle qui a fait que la réponse soit non. Les citations dévoilent ses raisons.